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Djibouti: le président Guelleh réélu pour un mandat de cinq ans

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Le président de Djibouti Ismaël Omar Guelleh, au pouvoir depuis 1999, a été réélu vendredi pour un mandat de cinq ans, au premier tour d’un scrutin boycotté par une partie de l’opposition et placé sous l’étroite surveillance des forces de sécurité.

« D’après nos projections, nous pouvons dire que le candidat de l’UMP (Union pour la majorité présidentielle Ismaël Omar Guelleh) a été élu dès le premier tour », a déclaré en direct à   la télévision nationale le Premier ministre djiboutien Abdoulkader Kamil Mohamed.

Comme ce fut le cas lors de la précédente élection présidentielle en 2011, les résultats annoncés ne portent pas sur 100% des bulletins de vote mais montrent que M. Guelleh a largement franchi le cap des 50%.

Le président-candidat « recueille entre 74 et 75% des voix à   Djibouti (la capitale) et Balbala », un immense quartier populaire, qui comptent à   eux seuls pour environ 60% de la population de ce petit pays de la corne de l’Afrique.

M. Guelleh est par ailleurs crédité de 94% des voix à   Ali Sabieh, la deuxième ville du pays, ainsi qu’à   Obock, la quatrième, toujours selon les résultats annoncés par le Premier ministre.

Le taux de participation n’est pas encore connu mais c’est sans enthousiasme que les Djiboutiens se sont rendus aux urnes et la commission électorale a même décidé, devant la faible participation constatée dans la journée, de prolonger d’une heure les opérations de vote.

Quelque 187.000 électeurs, soit un peu moins du quart de la population (875.000 habitants), étaient appelés aux urnes.

Dans un bureau de vote près du port de Djibouti, un électeur, Kamil Habib ne tarissait pas d’éloges sur le président: « Je suis fier de mon président. Il n’y a pas d’autre choix que lui ».

Mais à   Balbala, quartier pauvre et contestataire de la capitale, le discours était tout autre. De jeunes chômeurs faisaient le pied de grue en regardant des électeurs se présenter à   un bureau de vote.

« Je n’ai pas voté. Je préfère rester chez moi », a lancé l’un d’eux, découragé par les résultats des élections législatives de 2013, officiellement remportées par la coalition présidentielle, mais que l’opposition estime avoir gagnées.

Curieusement, les jeunes hommes portaient les tee-shirts verts du camp présidentiel. « Le tee-shirt, c’est parce qu’on n’a pas d’argent pour s’en payer un. Il n’y a rien ici, pas de travail », a expliqué l’un d’eux, avant que le petit groupe ne soit dispersé sans ménagement par des policiers, mécontents de les avoir vus parler à   un journaliste.

– Politique de grands travaux –

Sans grande surprise, M. Guelleh, 68 ans, est donc réélu pour un quatrième mandat consécutif de cinq ans, après avoir fait modifier la Constitution en 2010 pour en supprimer toute limitation. Il était opposé à   cinq candidats, dont trois indépendants.

L’opposition, qui avait réussi à   se rassembler pour les élections législatives de 2013 sous la bannière de l’Union pour le salut national (USN), se présentait divisée à   la présidentielle et une partie d’entre elle, dénonçant « une mascarade électorale », avait appelé au boycott.

L’autre partie, qui présentait des candidats, a affirmé que certains de ses représentants avaient été refoulés dans plusieurs bureaux vendredi. « Nous demandons au gouvernement de réparer cela et d’organiser une élection transparente, libre, équitable et juste », a déclaré à   l’AFP l’un des candidats, Djama Abdirahman Djama (indépendant).

Djibouti, ancienne colonie française où plusieurs grandes puissances (Etats-Unis, France, Japon et bientôt la Chine) disposent de bases militaires pour profiter de son positionnement stratégique entre l’océan Indien et le canal de Suez, n’a connu que deux présidents depuis son indépendance en 1977.

Les organisations de défense des droits de l’Homme ont dénoncé ces derniers mois la répression de toute voix dissidente, symbolisée selon elles par le « massacre » du 21 décembre 2015.

L’intervention de la police lors d’une cérémonie traditionnelle à   Balbala avait fait 27 morts, selon la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH). Le bilan officiel est de sept morts.

Le président Guelleh entend incarner la stabilité et fait valoir la nécessité pour Djibouti de poursuivre sa politique de grands travaux (ports, chemins de fer, oléoducs, gazoducs…), largement financés par la Chine.

Ces projets favorisent la croissance économique (6% en 2014, selon la Banque mondiale) mais la population n’en profite pas. Le taux de chômage avoisine les 60%, et 79,4% des Djiboutiens vivent en-dessous du seuil de pauvreté relative.