« Une image qui parle d’elle-même » : plusieurs internautes yéménites ont partagé sur les réseaux sociaux des photos de l’ambassade du royaume saoudien à Sanaa, couverte de tags représentant des têtes de morts, des serpents ou encore des avions lançant des bombes. Un acte de défiance envers l’Arabie saoudite, à la tête de la coalition contre les rebelles Houthis, qui tiennent notamment la capitale yéménite.
L’ambassade saoudienne, de même que toutes les autres ambassades fermées de Sanaa, est protégée à la fois par des employés de sécurité de l’ambassade, des membres de l’armée yéménite ou de la sécurité étatique et des membres des comités populaires houthis. Mais aujourd’hui, les Houthis sont ceux qui les commandent tous et il est clair que pour réaliser ces tags, les artistes ont sollicité leur approbation.
Les médias pro-Houthis n’ont pas donné l’identité des artistes, à l’exception de la femme qui dirige le groupe. C’est une activiste pro-Houthis, qui s’appelle Haifa Malek. Elle est connue pour avoir régulièrement critiqué en 2011 le parti Islah, principal opposant des Houthis et d’Ali Abdallah Saleh [ancien président de la République, chassé par la révolution cette même année, et qui soutient désormais les Houthis]. Elle s’est plainte que les Houthis l’ont harcelé alors qu’elle peignait les murs de l’ambassade, non pas parce qu’ils s’opposaient à ce qu’elle faisait mais parce qu’elle n’est pas hachémite [clan présent au Yémen]. En somme, elle les accusait d’être racistes. Soit elle était vraiment remontée et c’était une colère sincère, soit c’était un moyen de se faire remarquer et de présenter son travail comme étant indépendant des Houthis.
Pour la plupart des résidents de Sanaa, ces graffitis ne sont qu’un coup de pub puéril et inutile de la part des Houthis. Il n’y a rien de sophistiqué, pas de vrai message. Nous aurions besoin d’un Banksy ou d’un Naji Al-Ali, des artistes qui s’engagent pour la paix !