Le lundi 21 décembre 2024, le conseil municipal de Touba Mosquée a procédé au vote de son projet de budget pour l’année 2025. Ce budget, équilibré en recettes et en dépenses, s’élève à 6 975 000 000 FCFA. Comme les années précédentes, des excédents non utilisés des exercices antérieurs, relatifs au fonctionnement et à l’investissement, ont été notés. Toutefois, ces chiffres restent provisoires. Les montants définitifs des rapports de crédits ne seront connus qu’en janvier, après clôture des opérations par le payeur.
D’après les prévisions, ces rapports pourraient atteindre ou dépasser les 6 milliards de FCFA, comme cela avait été le cas en juin dernier. Cette situation soulève des interrogations sur l’efficacité de la gestion des finances publiques de la commune. « Pourquoi tant d’argent dort-il au Trésor alors que les besoins des populations restent insatisfaits ? », s’interrogent certains observateurs.
Un débat marqué par des tensions
Pour la première fois depuis plusieurs années, les débats lors du vote du budget ont été moins consensuels. L’un des moments forts a été l’échange tendu entre le président de séance et Serigne Bamba Fall, adjoint au maire et ancien sous-préfet, à qui l’on a tenté de refuser la parole. Malgré cette tentative, M. Fall a réussi à exprimer son mécontentement, affirmant qu’il n’a pas été impliqué dans l’élaboration du budget.
« J’ai reçu le projet de budget seulement le vendredi précédant la réunion », a-t-il déclaré, indiquant une violation des règles qui exigent que les documents budgétaires soient communiqués aux conseillers au moins 15 jours avant la séance.
M. Fall a également proposé que la commune subventionne deux projets prioritaires du Khalife général des mourides : la rénovation de la grande mosquée et le complexe universitaire Cheikhoul Khadim. Une proposition que le maire a rejetée, en avançant que ces initiatives ne concernaient pas de la compétence de la commune, une justification qui n’a pas convaincu tous les conseillers.
Une gestion critiquée
La gestion budgétaire de la mairie de Touba Mosquée suscite des inquiétudes. Alors que la commune accumule des rapports de crédits importants, certains craignent que les fonds alloués dans le cadre du Programme d’appui aux communes et agglomérations du Sénégal (PACASEN) ne soient pas pleinement utilisés avant l’échéance du projet, fixé à 2026.
Malgré le recrutement récent d’ingénieurs, le défi reste entier : transformer ces ressources financières en projets concrets pour répondre aux attentes des populations. Pendant ce temps, d’autres communes comme Rufisque, Thiès et Kaolack, avec des budgets nettement inférieurs, semblent mieux maîtriser l’utilisation de leurs crédits.
Une équipe municipale silencieuse
Un autre constat marquant est le silence de nombreux conseillers municipaux lors des débats. Ces élus, bien que dotés de compétences diverses, s’abstiennent souvent d’intervenir, peut-être par respect ou par crainte de contrarier le maire. M. Fall, le seul conseiller à s’être abstenu de voter le budget, déclare régulièrement que l’intérêt supérieur des populations de Touba devrait être la priorité absolue de l’équipe municipale.
Face à ces critiques, l’espoir repose sur une meilleure implication des acteurs municipaux et une gestion plus proactive des ressources disponibles pour améliorer les conditions de vie des habitants de Touba.
