La capitale gambienne accueille, du lundi 28 avril au vendredi 02 mai 2025, une réunion conjointe délocalisée du Parlement de la CEDEAO, marquée par une atmosphère solennelle et un sens aigu des responsabilités. Cette session exceptionnelle a pour objectif d’examiner en profondeur les répercussions politiques, socio-économiques et humanitaires du retrait du Burkina Faso, du Mali et du Niger de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
La rencontre s’est ouverte par une déclaration poignante du Président de l’Assemblée nationale de la Gambie, qui a planté le décor de ce moment charnière pour l’intégration régionale. « Le retrait du Mali, du Burkina Faso et du Niger, le 29 janvier 2025, constitue la crise la plus importante de l’intégration régionale ouest-africaine depuis la fondation de la CEDEAO », a-t-il affirmé devant une assemblée attentive de parlementaires, ministres et observateurs régionaux Le départ de ces trois pays sahéliens, motivé par un mélange de préoccupations sécuritaires, de réorientations géopolitiques et de frustrations institutionnelles, a provoqué une onde de choc dans l’espace communautaire. Comme l’a souligné le Président gambien, cette décision met en lumière les limites des mécanismes de gouvernance et de résolution de conflits de la CEDEAO : « Il remet également en question l’efficacité des mécanismes de résolution de conflits de la CEDEAO ».
Les conséquences sont d’ores et déjà visibles : désorganisation des routes commerciales, fragilité économique accrue dans les pays côtiers, montée des flux migratoires non contrôlés, et perte de crédibilité pour l’institution sous-régionale. Plus largement, c’est l’ensemble de l’édifice de l’intégration africaine, porté par l’Union africaine, qui se trouve ébranlé.
Face à cette crise inédite, la CEDEAO s’est gardée de toute réaction hâtive. « Il convient de souligner que malgré ce revers, la CEDEAO a adopté une approche pragmatique et mesurée », a rappelé le Président de l’Assemblée nationale, saluant les arrangements de transition visant à préserver certains acquis pour les citoyens des États concernés, comme la liberté de circulation et la reconnaissance des documents CEDEAO. Cette posture prudente, mais proactive, vise à éviter l’aggravation de l’isolement économique et politique des pays sahéliens, tout en laissant la porte ouverte au dialogue. Dans cette optique, les parlementaires réunis à Banjul entendent jouer un rôle clé dans la diplomatie régionale. « Je suis optimiste que les résolutions issues de cette réunion renforceront la diplomatie parlementaire avec les États sahéliens », a affirmé le Président.
Au-delà du constat d’une crise structurelle, cette réunion de Banjul représente une tentative sérieuse de sauvegarder les principes fondateurs de la CEDEAO, construits sur l’unité, la solidarité et le développement partagé. Le thème retenu appelle à une « introspection sérieuse sur les principes fondateurs de la CEDEAO et sur la manière dont ils servent les aspirations de nos citoyens », comme l’a formulé le président gambien.
Les discussions à huis clos se poursuivront tout au long de la semaine, avec en toile de fond une double urgence : rétablir la confiance entre les États membres et préserver les acquis d’un demi-siècle d’intégration régionale. La communauté ouest-africaine se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins. Le message lancé depuis Banjul est clair : la division n’est pas une fatalité, mais un défi à surmonter avec détermination et clairvoyance.
Discours