À quelques jours du lancement officiel des Diaspora Bonds annoncé par le gouvernement pour le 18 septembre, le Parti Socialiste (PS) monte au créneau. Dans une note adressée à la presse, son porte-parole, Abdoulaye Vilane, met en garde contre « une opération financière hasardeuse » qui ferait porter le risque économique à la diaspora sénégalaise et, in fine, au peuple tout entier.
Un aveu d’échec, selon le PS
Présentés par les autorités comme une innovation pour mobiliser l’épargne des Sénégalais de l’étranger, les Diaspora Bonds visent à lever des fonds à travers des titres appelés « bons citoyens et patriotiques », rémunérés jusqu’à 6,95 % sur dix ans.
Pour le Parti Socialiste, ce mécanisme traduit plutôt une impasse : « Les caisses de l’État sont vides, les partenaires financiers internationaux ont fermé les robinets. Face à cette défiance, le gouvernement se tourne vers la diaspora, qui contribue déjà chaque année à hauteur de 10 % du PIB par ses transferts », écrit Abdoulaye Vilane.
Les critiques du Parti Socialiste
Le communiqué met en avant trois risques majeurs :
- Un coût exorbitant pour l’État : « S’endetter à ces conditions alourdira encore la dette publique, dont le poids retombera sur les contribuables à travers les impôts ou la réduction des services publics. »
- Un risque de change défavorable pour la diaspora : « Celui qui investit 100 dollars aujourd’hui pourrait récupérer dans dix ans une valeur équivalente à seulement 83 dollars, si le franc CFA se déprécie. L’État s’est protégé, mais le sacrifice retombe sur le peuple. »
- Un manque de transparence sur l’utilisation des fonds : le PS réclame des précisions sur l’affectation de ces ressources. « Serviront-elles à des investissements structurants ou simplement à combler le déficit courant ? », s’interroge Vilane.
« Un bouclier financier » imposé à la diaspora
Pour le Parti Socialiste, la diaspora sénégalaise n’a pas vocation à être utilisée comme variable d’ajustement budgétaire. « Nos compatriotes à l’étranger ne sont pas des spéculateurs, mais des travailleurs qui font vivre des familles et soutiennent l’économie. Les exposer aux aléas du marché des devises, c’est les tromper et les affaiblir », insiste le communiqué.
La proposition du PS
Sans rejeter l’idée d’une mobilisation de la diaspora, le Parti Socialiste plaide pour un cadre plus solide et équitable : « Si le gouvernement veut associer nos compatriotes de l’extérieur, il doit émettre des obligations libellées en devises fortes, affectées à des projets productifs clairement identifiés et suivis par un contrôle citoyen. »
Un appel à la rigueur
En conclusion, le PS qualifie ces Diaspora Bonds de « fuite en avant » et accuse le gouvernement de masquer ses difficultés financières derrière des slogans patriotiques. « Le Sénégal n’a pas besoin d’‘emprunts patriotiques’ pour camoufler l’échec d’une gestion, mais d’une gouvernance rigoureuse, transparente et tournée vers l’avenir », tranche Abdoulaye Vilane.