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Exercice illégal de la pharmacie à Touba : 2 ans de prison dont 6 mois fermes et 5 millions FCFA d’amende pour les prévenus

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La justice sénégalaise a rendu son verdict dans une affaire emblématique de la lutte contre la vente illicite de médicaments. Les prévenus poursuivis pour exercice illégal de la profession de pharmacien ont été reconnus coupables et lourdement sanctionnés. Le tribunal les a condamnés à deux ans de prison, dont six mois fermes, assortis d’une amende de cinq millions de francs CFA chacun. Il a également ordonné la fermeture définitive des dépôts incriminés ainsi que la confiscation de tout le matériel ayant servi à commettre l’infraction.

Sur le plan civil, le tribunal a accordé un franc symbolique au Syndicat des Pharmaciens Privés du Sénégal (SPPS) et un million de francs CFA aux autres parties civiles constituées dans le dossier.

Ce délibéré vient couronner plusieurs mois de mobilisation des pharmaciens privés, qui avaient tiré la sonnette d’alarme lors d’un conclave tenu à Touba. Sous la conduite de Serigne Ahmadou Bamba Ndour, président du SPPS, le collectif avait dénoncé la prolifération de pratiques illégales mettant gravement en danger la santé publique.

« Tout produit qui sort du circuit pharmaceutique contrôlé représente un danger réel pour les populations », avait averti M. Ndour, rappelant que les médicaments, exposés à des conditions inappropriées comme la chaleur, peuvent perdre leur efficacité ou devenir toxiques.

Face à la persistance du phénomène, le syndicat, avec l’appui de l’Ordre des pharmaciens du Sénégal, de la SEN-PNA et de l’Agence sénégalaise de réglementation pharmaceutique (ARP), avait décidé de saisir la justice. Cinq grands dépositaires illégaux de Touba avaient ainsi été identifiés.

« La contrefaçon et la vente illicite de médicaments relèvent d’un véritable crime organisé », avait martelé le président du SPPS, déterminé à voir la loi appliquée avec rigueur.

Présent aux côtés du syndicat, le docteur Adiouma Diouf, président du mouvement des pharmaciens de Diourbel, avait rappelé la longueur et l’exigence du parcours universitaire nécessaire pour exercer la profession. Il avait insisté sur la responsabilité morale des pharmaciens, soulignant que leur mission première demeure la protection des patients.

« Nous travaillons pour la sécurité des populations, dans le respect des valeurs de responsabilité et d’éthique », avait-il affirmé.

Après plusieurs reports du procès — dus notamment à l’indisponibilité de certains avocats — cette décision judiciaire est perçue comme un tournant majeur. Le docteur Boubacar Sy, secrétaire général du SPPS, avait profité de ces reports pour élargir le débat, appelant à une mobilisation nationale.

« La lutte contre la vente illicite de médicaments concerne tout le monde : pharmaciens, médecins, journalistes et citoyens. Ce fléau n’a pas de frontière », avait-il déclaré, dénonçant une pratique dangereuse qui prospère au détriment des efforts de l’État, notamment dans la prise en charge des maladies chroniques.

Le SPPS salue par ailleurs la volonté affichée par le président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, d’éradiquer ce marché parallèle, tout en appelant à maintenir une fermeté constante.

Avec ce verdict, la justice envoie un message clair : l’exercice illégal de la pharmacie et la vente de médicaments hors circuit officiel ne resteront plus impunis. Le Syndicat des pharmaciens privés du Sénégal entend désormais capitaliser sur cette décision pour intensifier la lutte, renforcer la sensibilisation et obtenir l’application stricte de la loi sur l’ensemble du territoire national.