Les troubles post-électoraux au Gabon continuent, trois jours après l’annonce de la réélection du président sortant Ali Bongo, alors que son adversaire Jean Ping affirme également avoir gagné. Ces affrontements ont fait au moins deux nouveaux morts, un civil et un policier. Selon un décompte réalisé par nos confrères de l’AFP, sept morts ont été recensés dans le pays depuis le début des émeutes il y a trois jours. Le président Ali Bongo, proclamé réélu mercredi par la commission électorale (Cénap), ne s’est pas exprimé depuis jeudi après-midi. « En tant que président élu, je suis naturellement très préoccupé par la situation de notre pays qui évolue vers un chaos généralisé », a déclaré pour sa part vendredi soir Jean Ping en recevant les 26 opposants qui venaient de retrouver leur liberté de mouvement après avoir été retenus pendant 36 heures à son siège de campagne complètement dévasté par l’assaut des forces de sécurité. « Je sais que l’apaisement ne peut survenir que si la vérité des urnes (…) est rétablie et respectée sur la base du comptage des voix bureau de vote par bureau de vote », a-t-il poursuivi. Le gouvernement refuse ce recompte des voix bureau par bureau que demandent aussi l’Union européenne et la France, arguant qu’il n’est pas prévu par le code électoral gabonais. « C’est faux », rétorque Jean-Gaspard Ntoutoume Ayi, le directeur de communication de la campagne de Jean Ping. « Il y a un silence juridique mais on peut faire du bureau par bureau sans violer la loi », assure-t-il. M. Ping demande également la reprise des travaux de la Cénap pour examiner les procès-verbaux du Haut-Ogooué, fief de la famille Bongo qui a officiellement donné la victoire finale à M. Bongo avec plus de 90 % des voix pour une participation supérieure à 99 %.