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Le  » Kankourang » interdit à Mbour par un arrêté préfectoral

Le « Septembre mandingue » est mal parti à Mbour, qui s’apprêtait à vivre des moments inédits avec la sortie du masque d’initiation « Kankourang », ce week-end. Un arrêté préfectoral d’interdiction de toute manifestation est venu refréner les ardeurs de toute une collectivité et aussi des populations habituées à cette belle fête de la circoncision qui rythme cette ville cosmopolite depuis plus d’un siècle maintenant.

Sauf miracle, Mbour ne verra pas cette année défiler son fameux Kankourang. Classé au patrimoine culturel immatériel mondial par l’Unesco en 2005, le masque d’initiation des Mandingues de la Sénégambie qui joue un rôle essentiel dans le rétablissement de l’ordre social a subi un sacré coup de massue. Il a été interdit de sortie jusqu’à nouvel ordre par un arrêté préfectoral. Depuis vendredi, « le Kankourang et toutes autres activités et manifestations afférentes sont interdites sur la voie publique, tous les lieux et espaces publics du département pour menaces sérieuses de troubles à l’ordre public ».

Cette décision a plongé Mbour dans un silence, et les populations qui s’attendaient à une très belle communion sont partagées dans une profonde désolation et une frustration sans nom. Mbour ne vibrera donc pas au rythme du « Sowrouba », du « Kutiiroo », du « Junkurado » et du « Sabaroo », mais aussi du « Diambadong », danse sacrée qui accompagne les initiés à leur entrée et à leur sortie, et qui fait aussi danser le Kankourang.

Cette interdiction était prévisible. Depuis l’année dernière, El Hadji Cissé, considéré comme un « dissident », avait, contre toute attente, sorti son Kankourang et des voix s’étaient élevées. Et lors du Cdd organisé en prélude à cette manifestation, le préfet Saër Ndao avait appelé les différentes parties à beaucoup plus d’engagement, au dialogue, à la tolérance et à la compréhension. Malheureusement, la situation ne s’est pas décantée, chacun voulant organiser sa propre manifestation.

Pour la Collectivité mandingue, il est hors de question d’organiser le Kankourang en même temps que M. Cissé.
L’espoir était permis, mais hier dimanche, point de Kankourang dans les différents « leuls », ni dans les artères de la ville. La Collectivité mandingue est montée au créneau pour dénoncer cette décision.  « La Communauté mandingue de Mbour, pour la première fois dans l’histoire, s’est vu refuser l’autorisation de sortie du Kankourang ; ce qui est inédit », s’est désolé Cheikhou Dabo qui faisait face à la presse.

Patrimoine mondial
« Nous n’avons pas compris qu’une majorité comme la Collectivité mandingue, forte de plus de 500.000 personnes, soit sanctionnée pour le plaisir d’un seul individu qui s’est constitué en dissident », a regretté le secrétaire général de la collectivité. M. Dabo trouve paradoxal qu’on donne raison à un individu face à une majorité.

« Le fait de ne pas organiser le Kankourang cette année ne nous gêne pas, mais ça aura des conséquences sociales, économiques et politiques ». De tout temps, la sortie du Kankourang, en plus de drainer une foule monstre, a un impact incommensurable sur la ville de Mbour. Et pour M. Dabo, « commerçants, boulangers, chauffeurs de taxi sont frustrés par cette interdiction de sortie du Kankourang ». Selon M. Dabo « proclamer la mort d’une activité consacrée par l’Unesco comme patrimoine mondial est vraiment regrettable ».

Il a invité les autorités à se conformer à la décision de l’Unesco, mais aussi à conforter dans ses droits la Collectivité mandingue qui, à travers le rituel du Kankourang qu’elle perpétue depuis plus d’un siècle maintenant, a réussi à conserver une grande partie de son identité.

 

Source : Le soleil

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