Abuja, mercredi 10 décembre 2025 — La délégation ivoirienne, conduite par la Vénérable Fanny Moussokoura Chantal, a présenté devant les députés de la sixième législature du Parlement de la CEDEAO un rapport national largement axé sur la stabilité politique, la résilience sociale et les défis environnementaux qui marquent la fin de l’année 2025. Aux côtés de la cheffe de délégation figuraient la 2ᵉ vice-présidente du Parlement communautaire, l’Honorable Traoré Adjaratou épouse Coulibaly, ainsi que les parlementaires Mamadou Sako, Koné Gnangadjomon, Aké Yapo Germain, Aka Hervé et le Vénérable Diomandé Mamadou.
Un climat politique apaisé malgré un contexte régional tendu
En tête du rapport, la délégation a mis en avant le bon déroulement de l’élection présidentielle du 25 octobre 2025, organisée dans un climat jugé « calme et maîtrisé » par les observateurs nationaux et internationaux. La réélection du président Alassane Ouattara — avec un score avoisinant les 90 % — a été reconnue par les institutions officielles, renforçant la stabilité institutionnelle du pays à l’approche des législatives de décembre.
Dans un environnement ouest-africain marqué par les transitions au Sahel et des tensions frontalières, Abidjan apparaît comme un pôle de stabilité, porté par une gouvernance économique prudente et une diplomatie engagée dans le dialogue.
Gouvernance : transparence renforcée et modernisation administrative
Le rapport fait état d’avancées notables en matière de gouvernance :
- la modernisation numérique de l’administration,
- un contrôle plus strict des dépenses publiques par la Cour des Comptes et l’Inspection Générale d’État,
- des actions concrètes contre la corruption, notamment dans les marchés publics et les industries extractives.
La plateforme e-Justice a amélioré la rapidité du traitement des dossiers judiciaires, et les tribunaux de proximité se sont multipliés en zone rurale. Parallèlement, les forces de défense et de sécurité ont renforcé leur coordination pour préserver la stabilité nationale.
Libertés publiques et cohésion sociale : entre supervision et efforts de réconciliation
Si la période électorale a été marquée par des restrictions ponctuelles sur les rassemblements, la délégation souligne que les médias ont pu exercer leurs activités dans un cadre globalement pluraliste. Les autorités poursuivent par ailleurs des actions fortes en faveur de la cohésion nationale à travers le Programme National de Cohésion Sociale, soutenu par les leaders traditionnels et religieux.
Un point essentiel du rapport concerne l’appui aux réfugiés, déplacés internes et apatrides. Avec l’appui de la CEDEAO et du HCR, plus de 18 500 personnes ont bénéficié d’une assistance directe, tandis que 70 000 demandeurs d’asile maliens et burkinabè ont officiellement obtenu le statut de réfugié. La CEDEAO a également octroyé plus d’1 million de dollars pour appuyer ces efforts humanitaires.
Changement climatique : une menace croissante pour l’agriculture et les infrastructures
La Côte d’Ivoire, fortement exposée aux bouleversements climatiques, fait face à des défis multiples :
- une baisse de 10 à 20 % des rendements agricoles dans plusieurs régions ;
- une insécurité alimentaire touchant 1,5 million de personnes, concentrées dans le nord et le nord-est ;
- une pression accrue sur les ressources hydriques, les infrastructures urbaines et le secteur minier.
Le gouvernement a lancé le Programme National de Résilience Climatique axé sur l’irrigation, la reforestation et la promotion de semences adaptées au climat. Plusieurs projets agro-écologiques portés par la FAO et la Banque mondiale sont déployés dans les zones les plus vulnérables.
Dans le secteur énergétique, les variations climatiques ont fragilisé la production hydroélectrique, poussant l’État à accélérer la transition vers les énergies renouvelables.
Économie : une croissance solide mais exposée aux aléas internationaux
Malgré un contexte mondial fluctuant, l’économie ivoirienne maintient une croissance robuste, soutenue par l’agriculture — notamment le cacao —, l’agro-industrie et un vaste programme d’infrastructures (routes, ports, rails, zones économiques).
L’inflation demeure contenue mais reste sensible aux prix des denrées alimentaires. Le gouvernement continue de surveiller la dette publique tout en encourageant la transformation locale du cacao pour augmenter la valeur ajoutée et mieux rémunérer les agriculteurs.
Les secteurs des services et des technologies financières poursuivent leur expansion, favorisant l’inclusion financière et l’emploi des jeunes.
Bien-être social : protection du pouvoir d’achat et renforcement des services sociaux
Pour faire face au coût de la vie, les prix des produits de première nécessité ont été strictement encadrés. Les programmes d’aide aux ménages vulnérables, dont les filets sociaux productifs, ont été maintenus.
Des progrès importants sont également soulignés dans :
- l’emploi des jeunes, grâce au PEJEDEC et aux programmes de l’Agence Emploi Jeunes ;
- la santé, avec l’extension de la Couverture Maladie Universelle et la réhabilitation d’hôpitaux à Abobo, Bouaké et Korhogo ;
- l’éducation, avec la construction d’écoles, la distribution de kits scolaires et l’alphabétisation.
Les interventions d’urgence après les inondations ont permis de reloger des familles sinistrées et d’assainir les quartiers touchés.
Engagement régional : la Côte d’Ivoire citée en exemple
La délégation a mis en avant des avancées majeures dans l’application des textes communautaires :
- Mécanisme d’alerte précoce (ECOWARN) : déploiement d’un réseau d’observateurs locaux et d’une plateforme numérique nationale.
- Directive sur les carburants : modernisation des installations de la SIR et renforcement des contrôles.
- Règlement sur l’itinérance mobile : roaming déjà effectif avec le Ghana et accord opérationnel avec le Togo, entraînant une baisse notable des coûts de communication.
Un pays engagé, résilient et tourné vers l’intégration régionale
En conclusion de son rapport, la délégation ivoirienne a insisté sur les efforts du pays pour maintenir la stabilité, protéger les populations vulnérables et participer activement au processus d’intégration régionale porté par la CEDEAO. Malgré un contexte climatique et sécuritaire complexe, la Côte d’Ivoire affirme sa volonté de poursuivre ses réformes et d’accélérer sa transformation économique et sociale.



































