Khaly Amar Fall (1555-1638?) fonde au début du xviie siècle (1603?) le centre islamique de Pire (département de Tivaouane au Sénégal), qui fut l’une des premières universités d’Afrique noire (l’université de Sankoré à Tombouctou fut plus ancienne Le mausolée Khaly Amar Fall à Pire figure sur la liste des sites et monuments historiques classés.
Son nom a été donné à une fondation et à l’auditorium de l’Université Cheikh-Anta-Diop . Quelques années plus tard, il y fonde également une mosquée.Né au Fouta en 1555, . Son père Pathé Kouly Fall est originaire du Cayor, tandis que sa mère Djégui Bâ est, elle, du Fouta.
Khaly Amar Fall y a fait ses études avant d’aller parachever sa formation religieuse en Mauritanie. De là il revint au Fouta où il épousa Ady Loum et Asta kane. La première lui donna trois enfants, de même que la seconde. Il retourna au Cayor au début du seizième siècle, au temps du cinquième Damel, Makhourédia Kouly.
Tafsir Khaly Amar Fall est un descendant de la dynastie des « Fall », anciens rois du Cayor qu’on appelait « Damels du Cayor ». Cette dynastie commandait toute l’étendue de ce qui s’appelait le Cayor. L’ancétre du fondateur de Pire, Madesset Fall avait émigré au Nord dans le Fouta dans des circonstances qui nous ont été rapportées par la tradition orale, a fait savoir Mawdo Fall, directeur de l’Institut Khaly Amar Fall et responsable de la fondation du même nom.
A la mort du Bourba Djoloff dont l’autorité était reconnue et respectée par tous, la famille des « Fall » qui avait encouragé une révolution contre ce même Bourba, proclama l’indépendance du Cayor dont ils sont devenus les rois avec le titre de « Damels » qui signifie « cassure » en langue wolof.
Devant hérité du trône, Madesset Fall n’a pas pu accéder à la royauté grâce à une infirmité qui l’a aussi poussé à s’exiler au Fouta qui, à l’époque, était la partie la plus islamisée de la Zone. Lui étant un Ceddo. « Il a quitté la zone des Ceddos pour émigrer dans la zone où l’islam occupe le quotidien des populations », renseigne Mawdo Fall.
Après s’être islamisé, Madesset Fall resta dans le Fouta où il fonda une famille. Il fut le père de Couly Fall, lui-même père de Pathé Fall qui est le père de Khaly Amar Fall.
Khaly Amar Fall a grandi dans la famille de sa mère qui est Toucouleur. Après avoir mémorisé le Saint Coran, le père de la cité des « Rôniers » a mené des études très poussées dans les sciences islamiques dans plusieurs pays musulmans avant de songer à retourner au pays de ses ancêtres. Arrivé au Cayor, il a eu l’accueil qu’il méritait auprès de sa famille. Mais conscient de la jalousie qui pouvait habiter ses frères rois surtout qu’il est devenu un Moukhadam reconnu et respecté, il a pris les devants pour dissiper tout malentendu probable.
ABDOU LATIF FALL en se confiant revient sur l’histoire de son grand pere lors de son entretien avec le roi du cayor d’alors Il dit au roi : « certes, je fais partie des héritiers du trône, mais cela ne m’intéresse pas du tout. Tout ce que je souhaite, c’est de dispenser un enseignement religieux, à ceux qui en ont besoin. En même temps, je cultiverai la terre pour contribuer au développement du terroir. Je contribuerai également à la consolidation de la paix et à la prospérité de toutes les communautés vivant dans cette contrée. Car l’Islam est une religion de fraternité et de justice sociale. Ainsi je vous demande de bien vouloir m’attribuer des terres où je pourrai m’installer.
»C’est ainsi que le Damel lui ordonna de s’installer dans une zone qui lui conviendrai et mettra à sa disposition des personnes pour la débroussailler. Pire étant une bourgade habitée par des bergers peuls qui venaient y faire paître leurs troupeaux. Cette bourgade était entourée d’une forêt composée principalement de rôniers et appelée Saniakhor. Après une concertation mystique, Khaly Amar Fall choisi de s’installer au « Sagnakhor » et sur les terres attenantes. Il a valorisé cet endroit et en a fait un cadre de vie humaine permanente en y installant l’Islam. C’est ainsi que le grand érudit a pu fonder, en 1603, l’école qui devint l’Université Islamique Sénégambienne de Pire, qui rayonna dans la sous région pendant plus de deux siècles. Les familles Ndoye, Mbane, Mboup et Wade habitaient la zone de Pire à cette époque.
Des hommes célèbres qui ont marqué l’histoire du Sénégal ont étudié à l’Université de Pire. Parmi les plus connus d’entre eux, l’ont peut citer Thierno Souleymane Baal qui, avec certains de ses compagnons, ont préparé à Pire, la révolution islamique au Fouta, qui renversa le pouvoir des Denyanké, en 1776. L’on note également, parmi les étudiants les plus célébres de l’Université de Pire, Makhtar Ndoumbé Lo, fondateur de l’école islamique de Pire, Almamy Abdel Kader Kane qui perpétua l’œuvre de Souleymane Baal, initiateur des jalons d’un empire islamique qui inspira plus tard la démarche de Cheickhou Oumar Foutiyou Tall. Amadou Hamé Ba dit Mahdiyou, fondateur de Ouro Mahdiyou et Amary Ndack Seck fondateur de la cité religieuse de Thiénaba font également fait partie des hommes célèbres ayant étudié à Pire.
C’est dans le cadre de cette tradition islamique qui s’attache à Pire qu’il faut justifier le séjour dans ce foyer religieux de Cheickhou Oumar Foutiyou Tall et de son père Thierno Seydou Tall. Cette Université Islamique de Pire a joué un rôle d’une grande importance dans la diffusion de l’Islam dans l’espace Sénégambien ; non seulement à travers les éminentes figures qui l’ont fréquentée, mais aussi par la diversité des enseignements qui étaient dispensés au niveau de cet établissement.Khaly Amar Fall est décédé en 1638. Soit 83 ans de vie religieuse bien remplie
L’incendie de l’Université de Pire par les colons en 1864 pour freiner cette dynamique au service de l’Islam, aura constitué une grande perte pour la connaissance d’un pan très important de l’histoire de notre pays sous la bannière de l’Islam. Selon Mawdo Fall, d’autres foyers religieux comme en Libye ont connu le même sort. Mais les gouvernements de ces pays ont pu reconstituer ces vestiges qui retrace l’histoire de leurs érudits sauf au le Sénégal » déplore le petit fils de Khaly Amar Fall.
Il est rapporté que lors de cette incendie, les dignitaires ont enterrés des manuscrits du Saint Coran pour que ceux-ci ne soient pas souillés par les sabots des chevaux des colons. L’endroit où ces manuscrits sont enfouis est délimité par un morceau de bois qui provenait de l’arbre où Tafsir Khaly Amar Fall aimait s’adosser lors de ses prêches. Il est aussi rapporté que Thierno Cheickhou Oumar Tall aimait, lui aussi s’adosser à cet arbre quand on lui a raconté l’histoire. L’endroit est visible dans l’esplanade de la grande Mosquée de Pire.
Il y a lieu de rappeler aussi que Pire tire son appellation de ce que les habitants du terroir appelaient « PIRIMA » pour désigner les séances de traduction du Coran par Khaly Amar Fall auxquels ils se rendaient. L’oeuvre de Khaly Amar Fall est perpétuée par ses descendants à travers la fondation qui porte son nom. Parmi les réalisations de la fondation, on peut citer l’Institut coranique Khaly Amar Fall qui accueille des centaines d’enfants admis sous le régime de l’internat. Un autre Institut réservé uniquement aux filles est construit à Thiès.
La première école primaire de Pire créée en 1912 porte le nom de Serigne Pire Khaly Amar Fall.
Aujourd’hui,le serigne pire ndongo fall tire sa révérence a 101 ans et laisse la famille sous la tutelle du nouveau serigne pire dénommé cheikh fall petit frère de feu le serigne ndongo fall âgé de 96ans qui prend la relève. SON rôle selon ABDOU LATIF FALL porte porte parole de la famille de serigne pire sera de consolider l’équilibre social ,la paix ,la concorde et la religiosité que son prédécesseur a implanter dans la cité à TIVAOUANE exactement à keur BABA SEYE.
ASSANE DIOP