Des unités antiterroristes ont hissé lundi le drapeau irakien sur le complexe administratif de Ramadi repris la veille par les forces gouvernementales aux djihadistes de l’Etat islamique.
« Oui, la ville de Ramadi a été libérée. Les forces antiterroristes irakiennes ont hissé le drapeau irakien sur le siège de l’administration provinciale de l’Anbar », a déclaré à la télévision publique le général Yahya Rasoul, porte-parole du commandement des opérations conjointes. La scène a été filmée par la télévision nationale.
Cette reconquête du chef-lieu de la province d’Anbar, passé en mai dernier sous la coupe de l’EI, constitue la plus importante victoire de l’armée régulière face aux djihadistes, qui l’avaient mise en déroute en s’emparant d’un tiers du territoire irakien il y a dix-huit mois.
« La libération du siège de l’administration est un succès important. C’est le fruit de nombreux mois de travail acharné », s’est félicité le colonel Steve Warren, au nom de la coalition internationale formée par les Etats-Unis pour combattre l’Etat islamique (EI).
Outre les 630 raids aériens menés à Ramadi et dans le secteur, la coalition a contribué à la formation et à l’équipement de l’armée, de la police et des unités antiterroristes locales, a-t-il précisé.
Le Premier ministre irakien, Haïdar al Abadi, dans une allocution télévisée, a salué la reconquête de Ramadi et affirmé que l’année 2016 verrait la défaite totale des djihadistes de l’EI. « 2016 sera l’année de la grande victoire finale, qui verra la fin de la présence de Daech en Irak », a-t-il dit en utilisant l’acronyme arabe de l’Etat islamique.
PIÈGES
« Nous allons entreprendre de libérer Mossoul et cela sera le coup fatal et final (porté) à Daech », a-t-il ajouté en parlant de la plus grande ville sous le contrôle de l’EI, dans le nord de l’Irak.
Le président français, François Hollande, s’est entretenu au téléphone avec Haïdar al Abadi et « l’a félicité pour la libération de la ville de Ramadi par les forces irakiennes, qui constitue la plus importante victoire depuis le commencement de la lutte contre l’organisation terroriste Daech », a déclaré lundi l’Elysée dans un communiqué.
A Washington, la Maison blanche a rapporté que le président Barack Obama, en vacances à Hawaï, avait été informé des progrès de l’armée irakienne. « Les progrès continus des forces de sécurité irakiennes dans le combat pour reprendre Ramadi témoignent de leur courage et de leur détermination, et de notre engagement commun à chasser l’EI de ses sanctuaires », a dit la présidence américaine dans un communiqué.
Les forces gouvernementales irakiennes, qui encerclaient Ramadi depuis plusieurs semaines, sont passées à l’assaut la semaine dernière et ont pris le siège de l’administration provinciale dimanche. Leur progression a toutefois été ralentie par les bombes et autres pièges laissés par les djihadistes. Il reste en outre plusieurs poches de résistance, reconnaissent les services de sécurité.
Des tirs et une explosion ont retenti alors qu’un journaliste de la télévision publique interrogeait des militaires célébrant la victoire. Une colonne de fumée était visible à l’arrière-plan.
PROCHAIN OBJECTIF: MOSSOUL
Le ministre des Finances, Hochiar Zébari, a assuré que la prise de la ville était « une affaire réglée ». « Le plus important, c’est de sécuriser Ramadi, parce que Daech peut rebondir », a-t-il toutefois reconnu.
Les autorités irakiennes, soucieuses de faire la preuve des capacités de leurs forces après la déroute de l’été 2014, promettaient depuis des mois de repousser les rebelles dans la province d’Anbar, berceau de la minorité sunnite, qui s’étend des faubourgs ouest de Bagdad jusqu’à la frontière syrienne autour du bassin fertile de l’Euphrate.
Aucun des grands centres urbains dont l’EI s’est emparé n’avait encore été repris par l’armée, qui se contentait jusqu’ici d’appuyer les puissantes milices chiites soutenues par l’Iran. Pour éviter les tensions avec les sunnites, majoritaires à Ramadi, le gouvernement irakien les a, cette fois, tenues à l’écart des combats. Etre associé à des milices pro-iraniennes aurait, qui plus est, embarrassé Washington.
Aucun bilan n’a été avancé après la bataille de Ramadi. L’essentiel de la population avait été évacué avant l’assaut, selon les autorités.
La sécurité de la ville sera confiée à la police locale et à une milice tribale sunnite lorsque tout sera rentré dans l’ordre, a promis Haïdar al Abadi.
Le prochain objectif sera Mossoul, a par ailleurs fait savoir son gouvernement. La grande ville du Nord, qui comptait près de deux millions d’habitants avant de tomber en juin 2014 aux mains des djihadistes, est de loin leur plus grosse prise. La leur reprendre les priverait d’une bonne part de leurs revenus, issus des impôts et du trafic de pétrole, mais aussi de l’essentiel de leurs structures pseudo-étatiques en Irak.