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Sénégal: le voile intégral fait polémique

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Le Sénégal rejoindra-t-il des pays comme le Cameroun, le Congo, le Gabon, et le Tchad qui ont interdit le port de la burqa ? La question fait débat.

Hidjab, tchador ou burqa (des tenues longues originaires d’Orient, notamment de Pakistan, d’Afghanistan ou d’Inde) la liste des différents types de voile intégral est longue. Et voici plusieurs jours que la polémique enfle sur l’interdiction probable ou non du port de voile intégral au Sénégal.
Lors du deuxième forum sur la paix et la sécurité en Afrique organisé début novembre, à Dakar, le chef de l’Etat sénégalais avait émis le vœu de lutter contre toutes les formes d’imposition d’une nouvelle forme d’Islam aux pays africains.

«Le port de voile intégral ne correspond ni à notre culture, ni à nos traditions, encore moins à notre conception de l’Islam », avait déclaré Macky Sall. « Nous devons avoir le courage de combattre cette forme excessive de nous imposer une manière d’être et c’est de la même façon que je m’oppose à d’autres modèles que l’on essaie de nous imposer», a-t-il ajouté.

Depuis lors, la polémique agite les milieux médiatiques, intellectuels, socio- culturels et religieux du pays. « Par précaution, l’Etat sénégalais doit interdire le port de la burqa car c’est cette tenue que portent les kamikazes de Boko Haram pour s’exploser sur les marchés », explique Alassane rencontré au marché Castors à la périphérie de Dakar.

Faux débat

Pour une bonne frange de la population, il y a un vrai faux débat car il n’est pas établi de lien intrinsèque entre le port du voile intégral et des actes terroristes. Ainsi, les partisans du refus d’une décision (éventuelle) d’interdiction de la burqa au Sénégal se font nombreux.

Selon eux, « il n’y a pas de lien direct possible entre le port de la burqa et le terrorisme » d’autant que «des gens mal intentionnés peuvent ne porter qu’un simple pantalon et porter en dessous des explosifs ».

L’imam Oumar Sall de la mosquée de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (publique) cité par notre confrère dakarois, Le Quotidien pense que « c’est méconnaître l’Islam que de dire que la «burqa» ne fait pas partie de la culture musulmane ».

« Même si nous certains religieux sommes contre le port de la burqa, c’est par des arguments religieux que nous devons convaincre les personnes qui la portent et non par des arguments sécuritaires », soutient l’imam Mactar Kébé, président du Rassemblement Islamique du Sénégal.

Prévention

« Le président Macky Sall a mieux à faire que de se mêler de ce problème de formation des imams et d’interdiction de la burqa », déclare une jeune fille voilée devant à la sortie d’une mosquée.

« Nos autorités doivent plutôt interdire les tenues et les danses obscènes à la télévision et dans nos quartiers au lieu de s’attaquer au port du voile fût-il intégral », renchérit Sira, une autre fille d’une école coranique.

« Je n’ai pas de position particulière sur cette affaire mais je continuerai de porter la burqa », lance Seynabou, couverte de la tête au pied de burqa noir-sombre, avant de poursuivre son chemin.

Mercredi, le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique, Abdoulaye Daouda Diallo a déclaré à la presse qu’en matière d’interdiction de la burqa, le Sénégal « ne peut pas prendre une décision qui pourrait affaiblir l’islam » estimant que le président Macky Sall l’a « instruit pour travailler dans la prévention du terrorisme ».

Environ une demi-dizaine d’imams a été interpellée par la police ces dernières semaines pour liens présumés avec des terroristes.