Pour année scolaire 2015-2016 apaisée : Le REEL exige la mise en œuvre des onze décisions du Conseil présidentiel L’année scolaire 2015 – 2016 démarre dans un contexte marqué par deux éléments importants. Le premier est relatif au non-respect des engagements de l’Etat, contenus dans le protocole d’accord du 17 février 2014 et consigné dans le procès-verbal de la rencontre du 30 avril, entre le Premier Ministre et les organisations syndicales. Quant au second il renvoie à l’invalidation de la décision du Ministre de l’Education Nationale d’annuler l’admission de 690 jeunes sénégalais aux concours de recrutement des élèves maitres (CREM). Cette situation d’incertitudes risque de mettre en péril l’objectif de « refondation de l’école », issu des Assises de l’Education et de la Formation dont onze mesures prioritaires sont retenues par le gouvernement et les forces sociales pour favoriser la stabilité de notre système éducatif. Comme à l’accoutumée, à la veille de chaque rentrée des classes, le Rassemblement des Educateurs et Enseignants Libres (RẺEL), rend un hommage mérité aux enseignants, enseignantes, éducateurs et éducatrices pour leur engagement soutenu en faveur d’une éducation de qualité accessible à tous, dans des conditions sociales et des situations d’enseignements apprentissages en contradiction avec l’émergence économique tant chantée par les autorités. Le RẺEL exige du gouvernement sénégalais une amélioration des conditions de vie et de travail des enseignants, enseignantes, éducateurs et éducatrices dans le respect de la législation nationale et des normes internationales qui garantissent à ces derniers une promotion sociale basée sur une bonne gestion de leurs carrières et une formation continue. Le RẺEL informe les enseignants et enseignantes que peu d’avancées ont été notées dans la mise en œuvre des engagements du gouvernement contenus dans le protocole d’accord du 17 février 2014 et le procès-verbal de la rencontre du 30 avril 2015. Et pourtant les enseignants ont fait preuve de beaucoup de compréhension et de patience à l’endroit d’un gouvernement champion en matière de pourrissement et de dilatoire. Dans sa stratégie de communication à outrance le gouvernement aurait-il oublié d’édifier les enseignants, enseignantes, éducateurs et éducatrices sur les milliers d’actes qui dorment dans les tiroirs du Ministre de l’Economie et des Finances, le niveau de payement des rappels d’intégration des enseignants qui attendent depuis les premières heures de la deuxième alternance en mars 2012, la gestion des fonds destinés à l’amélioration de la qualité des enseignements apprentissages, les modalités de payement des rappels liés à la validation des années de vacation et de contractualisation pour les fonctionnaires… ? En vérité l’absence de concertations sérieuses avec les principaux acteurs risque de mettre en péril notre système éducatif. Un bon gouvernement doit exceller dans la prévention des crises pour éviter une confrontation avec les forces sociales. Pour un climat social apaisé dans le secteur de l’Education et de la formation, le RẺEL exige du gouvernement la réactivation de la commission gestion démocratique des enseignants, enseignantes, éducateurs et éducatrices, la prise en charge des demandes de rapprochements de conjoints et les cas sociaux, le paiement de tous les rappels d’intégration, le chargement de tous les actes issus de l’opération coup de poing par les finances, la prise en charge diligente de la validation (disponibilité des actes et payement des rappels). Le RẺEL salue la décision de la Cour suprême de casser l’arrêté n°3816 du 24 juillet 2014, portant annulation de l’admission des 690 élèves maîtres, exclus des Centres Régionaux de Formation des Personnels de l’Education pour fraude, par le Ministre de l’Education nationale. Une décision prise après la poursuite de l’instruction demandée par la Chambre administrative de la Cour pour une bonne administration de la justice. En qualifiant la décision d’«excès de pouvoir», la Cour désavoue ainsi le Ministre de l’Education nationale et met à nu ses pratiques peu orthodoxes. Le RẺEL exige du gouvernement, garant de la légalité et de l’égalité de tous les citoyens devant la loi l’application stricte et sans démagogie de cette décision de justice en référence aux propos de Me Aliou SOW, avocat des élèves maitres : « une intégration des élèves-maîtres va de soi parce qu’ils avaient entamé leur formation. Ils méritent de continuer leur formation. Cet arrêté a fait l’objet d’annulation par la Cour suprême pour excès de pouvoir. Et nous pensons que l’Etat respectera le droit. Les élèves-maîtres reprendront leur place dans les différents centres de formation ». Le RẺEL exige du gouvernement la mise en œuvre effective des onze décisions du Conseil présidentiel sur les conclusions des Assises de l’Education et de la Formation, du 06 Aout 2015, à savoir : la réorientation du système éducatif vers les sciences, les mathématiques, le numérique, les technologies et l’entrepreneuriat, la généralisation de la prise en charge de la petite enfance, l’amélioration de l’équité dans l’accès, le développement de l’enseignement arabo-islamique et son articulation au système éducatif, le développement de la formation professionnelle et son adaptation aux besoins du marché du travail, le développement de l’alphabétisation et le renforcement de la place des langues nationales, la promotion de l’inclusion des filles et des enfants à besoins éducatifs spéciaux, le renforcement de la professionnalisation des ressources humaines, l’amélioration de la qualité des enseignements-apprentissages, la promotion d’un enseignement privé de qualité, l’amélioration de la gouvernance et la consolidation du dialogue social pour un éducatif performant. Pour bâtir, une Ecole pour Tous, une Ecole de Qualité et, une Ecole viable, stable et pacifiée, le RẺEL invite le gouvernement, les partenaires au développement, les collectivités locales, le secteur privé et les organisations de la société civiles à explorer des mécanismes de financement innovants (taxes sur les flux financiers, l’autoroute à péage, les produits pétroliers ….). Ces différents prélèvements vont alimenter un fond national pour l’Education et la formation. Le RẺEL rappelle que la principale fonction des organisations syndicales renvoie à la représentation des travailleurs, à la négociation et au dialogue avec les pouvoirs publics. Sous réserve du respect des procédures édictées par la loi, les travailleurs ont le droit de recourir à la grève en tant que moyen légitime de défense de leurs intérêts professionnels. Il convient cependant de se demander si le syndicalisme peut se contenter uniquement de relayer la contestation comme seul moyen d’action. Du fait du recours intempestif à la grève, les enseignants semblent avoir perdu toute l’estime dont ils bénéficiaient au sein de la société. Dans l’optique d’apporter les recentrages nécessaires face à cette situation, les syndicats représenteraient un outil au service du changement social, appelé à constituer le pilier de la société éducative au sein de laquelle des actions sont initiées en vue de la satisfaction des besoins de la communauté. De cette réalité découle un impératif : celui de bâtir l’action syndicale sur une approche constructive pour rendre plus crédible le système éducatif sénégalais. Une telle logique aurait entre autres avantages de permettre aux enseignants de jouer pleinement leur rôle pour l’avènement d’une école de qualité. Fédératrice dans sa démarche, elle favoriserait une synergie où ne pourrait s’opposer aucune catégorie d’enseignant à une autre, en accordant une oreille attentive aux priorités des éducateurs, à leur condition et à leur formation tout au long de leur carrière. L’atteinte de cet objectif passe nécessairement par une nette rupture avec la politique qui apparait souvent en toile de fond dans la démarche syndicale au Sénégal, par l’adoption de positions et de pratiques sans équivoque lorsqu’il s’agit de défendre l’école et enfin, par la mise en œuvre d’initiatives propres à atténuer le malaise social que vivent quotidiennement les enseignants. Le RẺEL appelle donc au renforcement de l’unité syndicale afin d’amener le gouvernement à respecter ses engagements, en vue de bâtir un consensus national, à même d’assurer le succès de la refondation du modèle éducatif sénégalais. » Le RẺEL tiendra le gouvernement responsable de toutes les tensions ou crises sociales qui découleraient du non-respect des accords signés avec les organisations syndicales d’enseignants. Pour un mouvement syndical enseignant indépendant, fort et uni, que vive le RẺEL.